mardi 8 mars 2011

On n'a pas besoin de lumière quand on est conduit par le ciel.

Par Véronique Imbert
 
Voilà, c'est la fin (provisoire) d'une nouvelle expérience. Au tout début ? Une conversation en 2007 ou 2008 avec Coco et Marie-T. Elles aimeraient qu'on monte Arsenic & Vielles dentelles. On en parle, j'adhère tout de suite, d'autant que le film de Capra est probablement celui qui m'a rendue passionnément amoureuse des vieilles comédies américaines en noir et blanc. Et puis ça tombe bien, depuis quelques temps, une autre envie me titille : découvrir une pièce côté mise en scène. Ne pas jouer, être devant.
On a attendu, espéré puis foncé dès que le CA a donné son accord, cherché un metteur en scène, trouvé en Hubert l'homme de la situation. Il a adhéré tout de suite, accepté la petite abeille que je suis (ouf).

16 mois.
16 mois de travail.
16 mois parce que nous avons tous des vies professionnelles, familiales, sociales, amicales à coté, parce qu'il y a les vacances, les ci, les ça, les impératifs, les obligations, les contretemps, les changements, les emmerdes, les départs, les arrivées, les grèves, les intempéries, les grippes, les tout ce qui empêche de répéter en rond. Tout ce qui fait suer sur le coup mais se révèle au final faire partie du tout et ce tout implique aussi les fous-rires les plaisirs les éclats de rires les décisions à prendre les textes à apprendre les comédiens à enrôler, les décors à imaginer créer façonner fabriquer, les rôles à distribuer. Et lui, il donnerait quoi ? Et elle, elle irait bien ? Non pas lui, en tous cas pas dans ce rôle, plutôt dans l'autre. Ouais là ça pourrait marcher. Lui il débute mais on a le temps de le former alors on va le faire. Lui je le veux lui et personne d'autre rien que lui il est fait pour le rôle il sera génial il faut le prendre (j'avais raison) on a les droits super, soumettre l'affiche ? Ok d'ailleurs faut y songer qu'est ce qu'on va mettre allez tiens ça me plait ok on valide, les ayants-droits aussi c'est bon on peut foncer.

Bref.

16 mois de galère et de bonheur. Les deux à la fois sinon ce ne serait pas drôle.
16 mois à observer, apprendre, commencer à l'ouvrir, parfois ne pas savoir la fermer, hésiter, s'affirmer, s'effacer, prendre confiance, râler, se lancer ne jamais regretter.

Et puis ça a commencé. Le 7 janvier. Ils avaient le trac. Hubert et moi, on était noué. A la fois cloués par le stress et l'angoisse, et frustrés de se dire que, là, maintenant, ce n'était plus de notre ressort. A eux de jouer, c'est le cas de le dire. On ne peut que regarder. Souffler enfin quand le premier rire éclate dans la salle. Trembler quand une réplique passe aux oubliettes. Adorer les regarder, les écouter, envoyer par pensée mille milliards d'ondes positives. Avoir une putain d'envie de se lever pour les saluts finals histoire de leur faire une standing ovation parce qu'on les aime d'amour et pour toujours et qu'on est sacrément fiers d'eux. Ne pas se lever, applaudir puis partir en vitesse dans les loges (courir, se précipiter, foncer) pour les féliciter. Arriver, parce qu'on est une sale méchante, et leur dire « ouais, pas trop mal » avec une moue avant de leur sauter dessus pour les embrasser.
 
Les embrasser avant pas pendant mais après, toujours. Les materner. Les réconforter. Les encourager. Ne pas oublier les petites retouches à faire (attention là tu n'as pas articulé, là, fais gaffe, tu oublies de faire ci, n'oublie pas de faire ça, je t'avais dit d'être comme ça, je t'assure que c'est bien, mais non, t'as rien foiré, allez demain fais moi tout pareil et ce sera parfait, toi je t'aime et tu le sais, arrêtez de faire les idiots concentrez vous un peu bon sang, désolée que de l'eau pas de sucré et encore moins d'alcool de toute façon dès que j'aurais le dos tourné vous n'en ferez qu'à votre tête, allez viens je te maquille, ferme les yeux bon sang mais ouvre les pourquoi tu les fermes ? , ta femme a du démaquillant j'espère, enlève tes bagues pense à ton alliance, n'oublie pas ton chapeau, t'as ciré tes chaussures ? Allez fais moi un câlin, viens je te fais un bisou, je vous dis tous merde vous avez été bien les enfants arrêtez de m'appeler maman je suis fière de vous les enfants, non je ne suis pas en manque, je vous aime tous très fort, mais oui je serais là, évidemment que croyez vous je vous aime trop pour ça).

Voilà, ce fut terrible, excitant, harassant, drôle, énergique, épuisant, passionnant. Ce fut des rires incoercibles parfois, des trouilles monstres, des galères inattendues, des changements paniquant. Certes. Mais nous étions 16. Seize à se serrer les coudes, à se soutenir, à s'énerver parfois (ben oui, sinon ce ne serait – toujours – pas drôle), à se respecter, à râler à protester, à s'aimer beaucoup, surtout. 16 membres d'une équipe, sans compter notre dix-septième abeille, Xavier.

C'était bien, Arsenic ? C'est à vous de le dire. Moi, j'ai aimé. Tout comme j'ai aimé Martha, Dorothée, Harper, Teddy, Mortimer, Johnny, Einstein, Elaine, O'Hara, Gibbs, Rooney, Klein, Brophy, Witherspoon, Xavier. Et puis Marie-Jo, Anne-Marie, Martine, sans oublier Marjo, la petite Louise et son sourire, bien sûr. Et Hubert, évidemment. A qui je dis le plus grand des mercis. Donc oui, c'était bien. D'ailleurs on a échangé bon nombre de sms et mails depuis le dernier dimanche. Avec plein de belles choses dedans. Mais ceux là, ils sont personnels et n'appartiennent qu'à nous.

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